L'étrangère.

Nous étions en fin de journée. Le soleil d'hiver était doux et le ciel était d'un bleu magnifique. La couleur orangée de la fin de journée apparaissait peu à peu. Parmi cette grande forêt aux arbres et feuillages denses, s'y trouvait un petit village. Ce petit village se trouvait à la frontière entre Altifia et Niwès. Les habitants de ce village étaient pauvres et ne recevaient pas souvent de nouveaux arrivants. Lorsqu'une inconnue mit un pas dans cette communauté, la nouvelle fit rapidement le tour de tous.
Vêtue de vert se fondant dans le paysage, sa capuche voilait son visage. Elle avançait sans bruit dans le long couloir du village, les maisons défilants à ses côtés. Ses pieds nus foulaient l'épaisse poussière qui volait à son passage et valsait au fil de la douce brise. Lorsqu'elle fût sur la place principale, aussi petite soit elle, tous les villageois, intrigués, formèrent un cercle distant autour d'elle, tous cachaient dans leur maison qui tombaient en ruine ou derrière des caisses abîmées. L'inconnue regarda alors autour d'elle avant de poser son regard vers le long couloir qu'elle venait de traverser.
Nalia enleva sa capuche, laissant découvrir son fin et joli visage. Ses longs cheveux blonds se lâchèrent doucement en suivant le mouvement du tissus avant de se laisser aller au vent. Ses grands yeux verts étaient doux et ne laissaient paraître que de la bonté. Elle tendit ses deux mains vers la longue allée. Quelques têtes sortirent peu à peu, puis les villageois se firent voir entièrement. Un grand et imposant homme prit le devant et s'approcha de la nouvelle arrivante, sûrement le chef du village.

Que veux-tu étrangère ?

Je viens juste demander un toit pour un court séjour ici. Je n'ai nul part où aller.

Il était méfiant. Il faut dire que ces pauvres villageois recevaient bien trop souvent la visite de créatures maléfiques de Niwès. Leur confiance était dure à obtenir mais ils n'avaient rien à craindre de Nalia. Elle décida alors de leur montrer.

Je suis une citoyenne d'Altifia. Je pratique la magie mais pas celle que vous voyez bien trop souvent ici. La mienne est pure et bonne.

Nalia se baissa alors doucement, elle remarqua du coin de l'oeil que l'homme avait mit sa main sur sa dague. Elle emprunta une portion de terre poussiéreuse et se releva tout aussi calmement. Elle ouvrit sa main pour laisser à la vue de tous le tas de poussière et elle le fixa intensément. On pu apercevoir le vert de ses yeux devenir plus clair et scintiller. Quelques instant après, chaque brins de poussière quittèrent la main de Nalia pour se suspendre dans l'air. La jeune femme fit des mouvements que la poussière suivait. Lorsqu’elle envoya la poussière en l'air, elle éclata en une lumière aussi brillante que le soleil et se transforma peu de temps en flocons de neiges qui vinrent se déposer sur l'homme avant de fondre rapidement. Ses grands yeux, redevenus normaux, regardaient d'un air doux et accueillant le chef du village. Nalia lui fit une révérence.

Je demande simplement votre accueil pour quelques jours.

L'homme la regarda un instant puis les villageois autour. Il hésita un instant puis lui fit signe de se relever, gêné de ce geste.

Je vous logerais.

Elle se releva alors et sourit.

Merci à vous, je vous en serais éternellement reconnaissante

La venue d'une étrangère s'était répandue comme une traînée de poudre dans toute la région. La démonstration magique n’accentuant qu'encore plus l’intérêt de la populace. Une ange? Une magicienne? Une fanatique en mission de Veltine? Une sorcière? Une garde d'Altifia venue enfin protéger cette région? Les rumeurs à son sujet laissaient facilement place à l'imagination et aux fantasmes de chacun.

L'information de cette venue bien sur intrigua aussi la crapule qu'était Baloryou. Quelles sortes d'histoires avaient emmener notre bonhomme si près de la frontière avec Niwes? Une sombre affaire de cuillères, pas forcément nette consistant à vendre des informations ou propager de sordides rumeurs. Enfin tout ces désagréments étaient dédommagés que ce soit par la monnaie, ou en comblant un instant son obsession avec des magnifiques cuillères en or.

Cette inconnue pourrait rapporter gros. Une magicienne de ce côté-ci d'Altifia ne pouvait signifier que du changement. Ou au moins une certaine agitation. La suivre ou même l'accompagner pourrait lui-être bénéfique pensa-t-il.
Il fut tiré de ses songes en entendant pour la énième fois les faits. Baloryou se trouvait dans une auberge où il venait de passer la nuit. Bien que se nommant comme troubadour dans la région il ne chantait et ne racontait point d'histoire ce jour-là.

Hey patron! Ton histoire est bien belle mais ou se trouve ton village avec cette jeune demoiselle?

Et pourquoi cela, le racoleur? Maintenant, tu te méfies des paroles que l'on te confies?

C'était mauvais, Baloryou se dit qu'il faudrait arrêter de colporter un certain temps par ici, les gens devenaient méfiants.

Ton histoire m'intrigue et j'aimerais vraiment voir les pouvoirs de cette personne de mes propres yeux, et ceci bien que mes informations à moi soient toujours véridiques.

Si tel est ton souhait! En prenant la route, tu seras à une journée de marche.

L'aubergiste sortit une carte et montra un point sur celle-ci.

C'est ici que ce situe l'auberge. Comme tu peux le voir, le village en question se situe un peu plus au Sud.. A vol d'oiseau, le voyage est rapide mais l'état minable de la route pour y accéder ralenti considérablement. Tu peux sûrement y arriver pour ce soir, si tu pars maintenant. Mais à la tombée de la nuit je ne t'assures pas de pouvoir rester en vie, Niwès ne tient pas ses démons en cage!

T'inquiètes pas pour moi. Mes ritournelles pourraient calmer Le roi Léon en personne!

Sur ces paroles, Baloryou sortit de l'auberge et se mit en chemin. Il lui tardait d'entrer en contact avec l'illustre inconnue.